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Libération
EDITORIAL

La guerre des gauches

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publié le 3 décembre 2012 à 19h01

Pendant que la droite s’affronte dans une absurde guerre des chefs, la gauche se fracture sur le rôle et le pouvoir de la politique. C’est une question de nature et d’histoire. Le clash désormais public qui oppose, depuis vendredi, Arnaud Montebourg à Jean-Marc Ayrault ravive un débat séculaire qui a traversé la gauche et le mouvement ouvrier sur les modalités de la transformation sociale.

Jusqu’à la dernière minute, le ministre du Redressement productif a chevauché une vieille tradition en exaltant le rôle de l’Etat, menaçant le grand capital et défendant l’idée d’une nationalisation - temporaire - pour sauver une industrie en péril ; héraut d’une «deuxième gauche» qui ne diabolise pas le marché et mise sur la société civile, le Premier ministre a tenté d’arracher un compromis avec le réel, un compromis cette fois si maigre que les ouvriers de Florange l’ont vécu comme une capitulation. Deux gauches s’étaient déjà affrontées à travers Jules Guesde et Jean Jaurès comme, beaucoup plus tard, entre François Mitterrand et Michel Rocard. Mais on avait cru l’affaire enterrée sous Lionel Jospin tant la «majorité plurielle» gérait habilement ses propres contradictions.

C’était sans compter sur la crise, dont la violence somme la politique de reprendre ses droits. D’autant que la gauche n’a pas seulement vocation à «gérer» le réel, mais à le transformer. Ce nouvel épisode de la guerre des gauches révèle combien le «compromis social-démocrate», cher à François Hollande, va s’avérer diff