L’émergence de formes de consommation «collaborative» est elle liée à la crise économique actuelle ?
Pas seulement. Son envol est antérieur à la crise. La diffusion des nouvelles technologies a favorisé l’expression d’une aspiration à consommer autrement, notamment en donnant du sens à sa consommation par exemple par rapport aux enjeux environnementaux. Mais la consommation collaborative c’est aussi, dans une perspective beaucoup plus consumériste, une manière d’optimiser son pouvoir de consommation. En cela, les tensions sur la dynamique du pouvoir d’achat favorisent la diffusion des pratiques de consommation collaborative pour aider à boucler des fins de mois difficiles ou simplement pour tenter de continuer d’hyperconsommer en dépit de vents contraires.
Est-ce une menace pour les acteurs traditionnels de l’économie ?
Les résultats de la première vague de notre Observatoire des consommations émergentes montrent qu’en général l’engagement dans ces nouvelles pratiques n’est pas associé à un rejet de la consommation en tant que telle. Les alterconsommateurs militants sont très minoritaires. Pour autant, l’essor de la consommation collaborative témoigne d’une certaine perte de la capacité de séduction des formes ordinaires de la consommation marchande, comme en témoigne par exemple le recul des hypermarchés ou la baisse de fréquentation des centres commerciaux. Au-delà des économies qu’elle rend possibles et de sa dimension «responsable», la consommation collaborative attire parce qu’elle signifie un renouvellement de l’expérience consommatoire, qui mêle souvent technologie et lien social. Pour les acteurs traditionnels de l’économie, l’ess