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Libération
EDITORIAL

Courte vue

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La crise et ses dégâtsdossier
publié le 12 décembre 2012 à 22h16

François Hollande et Angela Merkel viennent de jouer un très mauvais tour à l’Union européenne. Le couple franco-allemand, pour une fois d’accord, a décidé hier d’enterrer un débat stratégique sur l’avenir de l’Europe. Un débat reporté, confisqué ou plutôt interdit. Les Vingt-Sept avaient pris l’engagement qu’avant la fin de l’année une «feuille de route» politique serait adoptée : elle devait préciser les grandes étapes d’une «intégration solidaire» - pour reprendre une expression sibylline chère au président Hollande. Quelle solidarité financière, quelle capacité budgétaire commune, quel contrôle démocratique ? Il ne s’agissait pas de tout trancher, ni de s’engager dans une fuite en avant irresponsable, mais de mettre en mouvement toutes les institutions de l’Union et, surtout, d’ouvrir un grand débat à ciel ouvert. Pour au moins deux raisons : la survie de la zone est à ce prix, les Vingt-Sept n’ont évité la catastrophe qu’en décidant, à chacun des sommets dits «de la dernière chance», un pas supplémentaire en matière de solidarité financière entre Etats membres ; mais cette navigation à la godille - et c’est la seconde raison - s’est faite sous la contrainte des marchés, sans vision politique et, surtout, dans le dos des opinions publiques. En désaccord sur les contours d’un nouveau fédéralisme européen, Français et Allemands ont préféré la politique de l’autruche : Angela Merkel entre dans une période électorale et ne veut plus prendre le moindre risque ; et François Ho