Thierry Philipponnat est secrétaire général de Finance Watch, une association européenne dont l'objectif est de «renforcer la voix de la société et de la faire peser dans les réformes nécessaires de la réglementation financière». Il réagit de manière critique à la loi d'encadrement du secteur bancaire présentée ce mercredi en conseil des ministres. Entretien.
Que reprochez-vous au projet de loi présenté par le gouvernement ?
D’abord la manière dont il a été élaboré. Le gouvernement ne nous a pas consulté, et personne ne sait vraiment qui l’a été puisque le processus n’a pas été transparent. Cela créé le soupçon que le texte a été écrit seulement avec les banques. Sur le fond, il ne change rien à la situation actuelle, qui voit les dépôts de la clientèle exposés aux risques pris dans le cadre des activités de marché, le volume des activités de marché artificiellement gonflés par les dépôts et l’Etat qui apporte à la fois une garantie explicite à l’activité de dépôts et une garantie implicite aux activités de marché.
Le texte propose la création d’une filiale spécifique, dans laquelle seront placées les activités spéculatives. Cela ne va-t-il pas dans le bon sens ?
Nous sommes pour une véritable séparation entre les activités de crédit - qui sont le métier normal des banques de dépôt - et les activités de marché - réalisées par les banques d'investissement. Ce que propose le gouvernement, c'est de placer les activités dites «spéculatives» dans une filiale à part et de conserver tout le reste dans la banque commerciale. Cela comprend les activités de crédit, mais aussi de nombreuses activités de marché que les banques considèrent comme «utiles à l'économie» : le market making