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Libération

Soupçons de guerre nucléaire

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Maureen Kearney voulait obtenir l’accord secret franco-chinois, qui avait fait l’objet d’une lutte sans merci entre Areva et EDF.
publié le 18 décembre 2012 à 22h36

Maureen Kearney a-t-elle payé le fait de s’intéresser de trop près à l’accord secret conclu en octobre entre EDF, Areva et la Chine ? Une signature intervenue après deux ans de bagarre entre les frères ennemis du nucléaire. Avec, en toile de fond, le soupçon qu’EDF veut brader le savoir-faire tricolore aux Chinois.

L’enjeu pour la filière française : s’imposer sur le marché le plus prometteur du monde, où 200 nouvelles centrales sont prévues. Areva mise depuis 2007 sur l’Atmea, un réacteur de moyenne puissance développé avec le japonais Mitsubishi. Mais, en avril 2010, EDF, dirigée par le très sarkozyste Henri Proglio, conclut, de son côté, un accord avec l’électricien chinois CGNPC pour concevoir un modèle concurrent. En février 2011, Nicolas Sarkozy tape du poing sur la table. Et donne pour mission au patron du Commissariat à l’énergie atomique de faire converger les deux projets pour mettre fin à ce combat fratricide.

Radical. L'éviction, en juin 2011, de la patronne d'Areva, Anne Lauvergeon (1), ennemie de Proglio et opposée à son projet chinois, réchauffe les négociations entre les deux groupes français. Mais n'apaise pas les craintes d'Areva, où l'on est persuadé qu'EDF veut consentir des transferts de technologie massifs, mais aussi acheter des composants en Chine plutôt que chez Areva. «Nous voulons protéger nos usines françaises», s'inquiétait alors un cadre du groupe.

Des craintes confirmées par la révélation, en janvier 2012 par le Nouve