Prendre les mêmes bateaux, les mêmes équipages et tout recommencer. Et pourtant tout changer. C’est l’équation que doit résoudre la direction de My Ferry Link, créé sur les cendres de SeaFrance, l’ancienne filiale transmanche de la SNCF, liquidée en janvier. Il faut tenter de se refaire une place, après neuf mois d’arrêt, sur la liaison ultraconcurrentielle Calais-Douvres. Et effacer l’ardoise de la mauvaise réputation, ces histoires de détournements présumés de marchandises, cigarettes, parfums, qui valent à treize anciens salariés d’être mis en examen pour vol en bande organisée.
Le Berlioz et le Rodin ont repris du service, au bout du port de Calais, le 20 août. Sur leurs flancs, le logo bleu-blanc-rouge de SeaFrance a été remplacé par celui de My Ferry Link, à la même fierté tricolore. Le pavillon français flotte encore sur le détroit. Et 460 salariés (sur les 1 500 de SeaFrance) ont retrouvé du travail. Mais à quel prix ? Selon le quotidien Nord Littoral, la compagnie pesait seulement 1% du marché en septembre, très loin de l'objectif minimum de 8%. Ce samedi de novembre, il n'y avait que 20 voitures et 5 camions dans les cales du ferry à l'embarquement à Douvres. Juste à côté, le navire du leader P&O charge une file ininterrompue de 33 tonnes et de berlines. Dans les travées désertes, on pourrait organiser un 100 mètres. «C'est sûr qu'aujourd'hui ce n'est pas rentable», glisse une passagère.
Sous perfusion. Pour l'inst