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Libération
Reportage

«On est en train de mourir en silence»

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Licenciements, guichets départs, fermetures de sites ou reprise d’activité avec ou sans intervention de l’Etat : «Libération» a sillonné la France des plans sociaux et rencontré ses acteurs en lutte.
La «machine» de la papeterie M-Real, à Alizay (Eure). (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 27 décembre 2012 à 22h26
(mis à jour le 28 décembre 2012 à 15h32)

La France du chômage, ce sont ces plans sociaux qui perlent dans des entreprises de tous ordres, touchant des salariés, des métiers, des territoires. Ce sont aussi des personnages, devenus hérauts sans le vouloir, des petits combats collectifs là-bas vus d’ici mais qui font remuer au plus haut. Reportage.

FOCAST

La fonderie dans l’ombre de Florange

Parqués comme du bétail sur la place de la Concorde, «avec pour seules commodités le mur du jardin des Tuileries pour les hommes, et un accompagnement sous bonne garde, deux à deux, pour les femmes». Dans leur lettre au président de la République, les Soissonnais écument de rage et d'humiliation. Venus manifester à Paris le 5 décembre, 240 élus et salariés d'entreprises en difficulté ont été immobilisés manu militari pendant quatre heures. La banderole énumérant la litanie des fermetures (Jacob Delafon, AR Carton, Wolber-Michelin, Chappée, Ottawa, Becuwe, Trailor, Berthier, BSL industries) a été ignorée. Le même jour, les syndicats de Florange négociaient à Matignon. Même si, avec 600 emplois menacés, 7 000 disparus dans leur bassin depuis trente-quatre ans, ils invoquent leur «douzième Florange». Le slogan leur paraissait vendeur.

Trois jours plus tard, la colère reste à vif. La route qui part de la gare de Soissons (Aisne) vers Villeneuve-Saint-Germain ressemble à un champ d'honneur. Cet intervalle géographique comptait 5 000 emplois dans les années 80, 500 aujourd'hui. Il y avait de tout : du verre, du pneu, de la fonte, de l'acier, de l'inox. Le plus gros employe