Menu
Libération
Reportage

A Toul, les ex-Kléber sont usés

Article réservé aux abonnés
Sur les 826 ouvriers laissés sur le carreau en 2008, peu ont retrouvé un emploi, car l’industrie s’essouffle.
Serge Anstett, 51 ans, dont trente ans chez Kléber, a ouvert une salle de jeux pour enfants dans le centre deToul. (Photo. Mathieu Cugnot )
publié le 28 décembre 2012 à 20h46

C’est une usine sinistrée parmi d’autres, fauchée au début de la crise par la grande vague des plans sociaux. En 2008, la fabrique de pneus Kléber de Toul, en Meurthe-et-Moselle, baissait le rideau. La fermeture a laissé 826 salariés sur le carreau. Dont une écrasante majorité d’hommes. Pour beaucoup, il s’agissait d’ouvriers entrés à l’usine à peine majeurs. Au moment de la fermeture, la moyenne d’âge des salariés du site était de 43 ans, l’ancienneté de plus de vingt ans.

Quatre ans plus tard, beaucoup d'entre eux surnagent encore en eaux troubles entre chômage et petits boulots. «C'est dur à vivre. D'autant qu'avant, les gens avaient cette idée que les chômeurs, c'étaient des fainéants. Qu'il suffisait de chercher pour travailler. Sauf qu'on voit bien maintenant que ce n'est pas vrai. A Toul, il n'y a plus de boulot dans nos métiers», explique Pierre Kovalski, ancien délégué central CGT de Kléber. A 59 ans, lui-même n'a rien retrouvé. Il soupire : «J'ai envoyé des CV pourtant.» Désormais, cet ancien ouvrier attend la retraite.

Dans cette région industrielle, la crise a touché particulièrement l’emploi masculin. Dès 2009, le taux de chômage des hommes a dépassé celui des femmes. Parmi les offres collectées par le Pôle Emploi de Toul ces douze derniers mois, à peine plus de 6% concernaient des postes dans l’industrie, contre plus de 88% dans le secteur tertiaire, principalement dans les services à la personne, le commerce et la logistique.

«Pas taillé