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Libération
Interview

«C’est toute l’économie du secteur qui est en train de muter»

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Economiste, Philippe Moati scrute la consommation et la distribution à l’Obsoco:
publié le 7 janvier 2013 à 22h26

Philippe Moati est professeur d’économie à l’université Paris-Diderot et fondateur de l’Observatoire société et consommation (Obsoco).

A qui Internet fait-il du mal ?

Il fait souffrir d’abord les commerces physiques, et les biens culturels, qui ont été les premiers produits laminés. Sur l’ensemble des produits culturels, la part de marché de l’e-commerce est de l’ordre de 20%. Et c’est le domaine de prédilection du leader, qui se nomme Amazon. En France, notre loi sur le prix unique a protégé un peu le livre mais pas les autres biens…

Jusqu’à quand cette protection alors que le livre numérique décolle ?

Effectivement, le pire est en route avec la dématérialisation. Cette mutation supprime l'idée même du magasin. Quand on télécharge un fichier, il n'y a pas de raison de se déplacer. Cette lame de fond est autrement redoutable. Elle a commencé par la musique et se poursuit avec la VOD [video on demand, ndlr], qui a massacré les vidéoclubs. C'est le tour aujourd'hui du jeu vidéo : il se joue en ligne et il tourne aussi bien sur les portables que sur les Freebox. Le dernier segment attaqué est le livre. Le cadeau de Noël cette année, outre les tablettes, ça a été la liseuse électronique. En France, 1 à 2% seulement du livre a basculé sur le numérique. On est loin des scores américains à cause du faible écart de prix entre le livre physique et le livre numérique, et du catalogue qui n'est pas très étendu. Les quatre piliers culturels tombent l'un après l'autre dans la dématérialisation et cela sape le monde physique.

Peut-on résister ?

Oui, en allant sur Internet. La Fnac l'a fait de façon pr