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Enquête

Alcatel-Lucent: déroute à haut débit

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L’équipementier réseaux licencie à tout va et a mis ses brevets au clou. Face à la concurrence chinoise, la direction planche sur un salut outre-Atlantique. Et la branche européene craint le pire.
Devant le lieu d'une AG d'actionnaires d'Alcatel-Lucent à Paris en mai 2009. (Bruno Charoy)
publié le 13 janvier 2013 à 19h06

Laminé par la guerre des prix, endetté jusqu'au cou, éjecté du CAC 40, forcé de gager son portefeuille de brevets, contraint de tailler à nouveau dans ses effectifs… Alcatel-Lucent a connu une annus horribilis en 2012. Et 2013 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour l'équipementier télécoms franco-américain. Pris en étau entre ses grands concurrents européens (Ericsson et Nokia Siemens) et le dragon low-cost chinois Huawei sur le marché des réseaux fixes et mobiles, le groupe joue désormais sa survie.

«On était en réunion avec la direction. C'était le 6 décembre, raconte Isabelle Guillemot, secrétaire du comité d'entreprise européen (CEE), quand un membre du comité s'est inquiété d'une rumeur sur nos brevets. Ils auraient été gagés pour obtenir du cash.» Réponse laconique de la direction : «Nous n'avons rien à vous dire.» Une semaine plus tard, le 14 décembre, la rumeur est officialisée : Alcatel a bien hypothéqué son portefeuille de plus de 29 000 brevets ! Valeur estimée : 5 milliards d'euros. Objectif : obtenir un prêt de 1,6 milliard d'euros de Goldman Sachs et du Crédit suisse pour rembourser d'autres créanciers. Cercle infernal. L'équipementier traîne une dette de 6,4 milliards d'euros…

Paria de la Bourse. L'annonce survient en pleine procédure sociale. La veille avait été lancée chez Alcatel France la consultation formelle autour d'un énième plan de réduction des effectifs : 1 353 postes sur environ 8 500. L