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publié le 13 janvier 2013 à 19h06

«Un livre n'est jamais traduit, il est transporté dans une autre langue», a dit un jour Marguerite Duras. C'était au XXe siècle, bien avant la grande mutation numérique qui bouscule aujourd'hui la civilisation de l'imprimé. Comme l'information, la littérature est universelle et peut parler à l'humanité dans toutes les langues. Depuis ce bon vieux Gutenberg, les mots passaient de l'auteur au lecteur par l'alchimie de l'encre imprimant la blancheur immaculée du papier. Mais, pour paraphraser un chroniqueur de Libération, on achève bien d'imprimer... Pas demain. Mais dans dix, vingt ans ?

Sur la longue traîne de l’histoire, le livre va sans doute se dématérialiser, comme l’ensemble du savoir, pour irriguer les veines du réseau qui fait désormais battre le cœur de nos sociétés numérisées. L’imprimé disparaîtra un jour, comme avant lui les tablettes d’argile de Sumer et Babylone, les papyrus des pharaons et les parchemins des moines copistes. Déjà, la médiation de l’écriture et de la lecture se fait chaque jour un peu plus sous forme de bits et de pixels matérialisant la lettre et la nouvelle sur l’écran tactile rétroéclairé d’une tablette ou d’une liseuse électronique. Le livre a jusque-là bien mieux résisté que la musique et la presse à cette vertigineuse dématérialisation du monde.

Le miracle de l'objet édité, composé, imprimé et relié ; le charme hypnotique du toucher, du feuilletage et des mots dansant à chaque page tournée ; le parfum inimitable d