Penchée sur sa machine, Marina coud des cache-fermetures sur un soutien-gorge bleu. A une table voisine, Christiane pique des petits triangles de dentelle et de doublure qui feront des entre-bonnets. «En Russie, j'étais danseuse et musicienne», sourit Marina. Après avoir tenu une boucherie avec son mari français, elle a passé un CAP de couture, «mon hobby». Christiane, l'une de ses collègues d'atelier, est une ancienne de Lejaby. Leur savoir-faire a failli disparaître avec la dernière usine de ce fabricant français de lingerie, dont le plan social avait fait la une des médias en janvier 2012.
Mais Marina et Christiane travaillent aujourd’hui pour les Atelières, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) installée à Villeurbanne, près de Lyon (Rhône), créée notamment par des ex-Lejaby. Et qui a repris le flambeau.
Pour le personnel, la journée d'hier était très spéciale. Les Atelières ont commencé à fabriquer de la lingerie haut de gamme made in France pour le compte de… Lejaby. Qui est devenu, ironie de l'histoire, le principal client des Atelières. Avant que chacun ne s'installe à sa machine, Muriel Pernin, la patronne, y est allé d'un petit discours : «Il y a un an, cet atelier était vraiment une idée, presque en l'air. Nous n'avions aucune certitude sur la possibilité de pouvoir le faire. Nous n'avions rien, pas d'argent, pas d'atelier, nous ne savions pas si nous pourrions réunir la main-d'œuvre nécessaire.»
Reconversion.