Il n'est pas toujours facile de se passionner pour une négociation sociale. Les longs palabres à huis clos, la théâtralisation entretenue par leurs acteurs, les accords finaux très techniques peinent à retenir l'attention du public. Entamées fin novembre au siège du Medef, les discussions sur les retraites complémentaires du privé ne font pas exception à la règle. Pourtant, le bras de fer qui s'y joue entre patronat et syndicats installe le décor pour la grande réforme du régime général, annoncée au printemps.
«Nous sommes pris en tenaille par le patronat, juge ainsi Philippe Pihet, secrétaire confédéral en charge des retraites au syndicat Force ouvrière. A travers ces négociations, le Medef envoie un message aux politiques : reculez l'âge de départ à la retraite». Chargé des retraites à la CGT, Eric Aubin estime lui aussi que «le Medef essaie de donner le "la" de ce que pourrait être la réforme du régime général».
Austérité patronale
Au centre de la négociation, l’Arrco et l’Agirc, les deux caisses qui gèrent les cotisations de 22 millions d’actifs et les retraites complémentaires de 14 millions de retraités du privés. En moyenne, le complément de retraite qu’elles versent représente 30% de la pension d’un salarié (gérée par l’Arrco) et 57% de celle d’un cadre (dont s’occupe l’Agirc). Or, à elles deux, ces caisses affichent