Aulnay-sous-Bois, ce mardi matin. Au café «le Renouveau», calés dans de confortables fauteuils ou accoudés au comptoir, cinq ou six clients se réchauffent en silence. Dix heures sonnent : de l’autre côté de la vitre, un flot d’hommes se déverse sur le pavé depuis l’immeuble voisin, qui héberge les bureaux locaux des syndicats. Les briquets cliquettent, les cigarettes fument. Des calicots rouges de la CGT mettent une touche de couleur sur les manteaux sombres.
Quelques-uns, le bonnet enfoncé jusqu'aux sourcils, poussent la porte, commandent un café et discutent bruyamment. Ce sont des ouvriers grévistes de l'usine PSA d'Aulnay, promise à la fermeture d'ici 2014. Depuis mercredi dernier, ils sont en grève pour réclamer un plan social plus favorable aux salariés. Et depuis vendredi, la porte de leur usine est fermée et gardée par des vigiles. «Avarie technique», assure la direction, qui évoque aussi un climat de tension autour du piquet de grève. «Lock-out», estiment les salariés, persuadés qu'on tente de briser leur mouvement. «Ils pensaient qu'on se laisserait faire ? La blague!», entend-on dans le café.
«Grévistes, pas sauvages»
Au deuxième étage de l'immeuble voisin, une grande pièce encore pleine de monde. Les grévistes viennent d'y achever leur assemblée générale, fermée à la presse. Dans un coin, on se tranche une brioche, on se sert une boisson chaude. Dans un autre, on fait la queue pour se faire inscrire comme gréviste et récupérer l'autocollant qui le prouve, à poser