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Libération
Interview

«Il faut retrouver une vision pour le peuple, pas pour les marchés»

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A l’occasion du Forum économique mondial de Davos, Sharan Burrow, de la Confédération syndicale internationale, interpelle les dirigeants.
Au centre des congrès à Davos où se tient, jusqu’à dimanche, la 43e édition du Forum économique mondial. (Photo AFP)
publié le 23 janvier 2013 à 20h46

L'Australienne Sharan Burrow est secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale. Du Forum économique mondial de Davos, elle interpelle les global leaders.

Pourquoi être à Davos, ce symbole de la mondialisation économique, quand la société globale est toujours plus fragmentée ?

Nous devons demander des comptes aux «grands» de la planète sur leur orthodoxie économique qui se solde par un fiasco. Les banquiers, derrière leurs écrans de cotation, et les politiques derrière leurs plans de rigueur, doivent admettre la vérité. Il y a une crise sans précédent du leadership à Davos, au G20, comme aux Nations unies. Le monde connaît une amnésie collective sur les raisons qui ont conduit à la dépression actuelle : la cupidité d'une minorité, la libéralisation du commerce et des capitaux, ou encore la dérégulation incessante. Selon le réseau Tax Justice Network, 21 000 milliards de dollars [plus de 15 800 milliards d'euros, ndlr] de fortune étaient abrités dans les paradis fiscaux en 2011. Sept fois plus que le déficit budgétaire de tous les Etats du monde !

Klaus Schwab, le fondateur de Davos, plaide désormais contre «les excès du capitalisme et pour plus d’engagement social»…

Même le Fonds monétaire international le reconnaît enfin : la seule austérité a un impact négatif plus important qu'il ne l'avait prévu. Un constat que nous dénonçons depuis toujours et que nous avons évoqué, dès 2010, lors du G20 à Toronto. Six mois plus tôt, pourtant, le G20 de Pittsburgh avait plaidé pour «un nouveau modèle de croissance durable», basé sur «l'emploi de qualité». Mais après de timides plans de relance, les pays ont renoué avec des politiques orthodoxes fondées sur la réduction des dé