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Critique

Le feu intérieur du Burn-out

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EcoFuturdossier
publié le 27 janvier 2013 à 19h07

Trouble contemporain, maladie du «trop», le burn-out est apparu dans les années 70 dans les recherches d'Herbert Freudenberger. Analysant son propre état d'épuisement, le psychiatre américain fait alors glisser le terme utilisé pour ses patients toxicomanes aux soignants. Mais le vrai démiurge du mot, c'est Graham Greene. L'exergue de A Burn-Out Case (1961), emprunté à Dante, résume bien cet état psychique : «Je ne mourus pas, et pourtant nulle vie ne demeura.» Son héros, célèbre architecte, rompt avec une existence comblée, embarque pour le Congo et atterrit dans une léproserie. Là, dans le rien, il trouve une possibilité de vie.

La manifestation du burn-out ressemble à un incendie intérieur. Freudenberger la décrit ainsi : «Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l'action des flammes, ne laissant qu'un immense vide intérieur, même si l'enveloppe externe semble plus ou moins intacte.» Trois symptômes le caractérisent : l'épuisement, la dépersonnalisation, l'inefficacité. L'auteur souligne sa dimension sociale, le distinguant de la dépression. Les origines se situent souvent en dehors de l'individu, dans ses relations avec son environnement professionnel. L'épuisement atteint plutôt ceux qui désirent s'épanouir dans leur travail, partagent des valeurs établies.

Notre univers techno-capitaliste réclame une telle adaptation qu’elle en devient frustrante, har