En première ligne face à la déferlante numérique, l'industrie musicale a bien failli disparaître au tournant des années 2000. Submergées par la lame de fond du partage de fichiers MP3, les majors du disque semblaient vouées à l'extinction. No Future pour les dinosaures de la nouvelle ère digitale, ricanait alors la génération Napster en pillant allègrement la caverne d'Ali Baba des Crésus du disque. Ces derniers n'avaient rien vu venir ; exit l'âge d'or du CD vendu sans vergogne trois fois son prix… «Les maisons de disques ont été nulles, incapables de voir le changement. Quand elles ont réagi, il était trop tard pour faire rentrer le génie dans la bouteille», rappelait récemment le vieux punk Alan McGee, fondateur du label indé Creation (Primal Scream, Oasis…) et ennemi juré des majors.
Mais ces dernières n'ont pas disparu. Dans un élan darwinien, les Universal, Warner et autres Sony Music ont numérisé leurs catalogues, licencié en masse, viré des centaines d'artistes non bankables, inventé le business des concerts à 100 euros la place. Puis ont dévoré les plus faibles, les plus créatifs. Saccagée par les fonds vautours, la maison EMI, fleuron de la brit-pop (The Beatles, Blur, Massive Attack, etc.) a été démembrée par Universal et Sony. La fin d'une époque. Mais c'est feu Steve Jobs et lui seul qui a sauvé, in fine, la vieille industrie du disque en lançant l'iPod et son magasin en ligne iTunes. La survie avait un prix exorbitant : une dîme de 30%