C'est la rançon du succès, ou plutôt de la survie : l'euro est fort. La monnaie unique s'apprécie à mesure que se dissipent les inquiétudes sur sa pérennité. Au point que, dans les milieux d'affaires et certains gouvernements, on s'inquiète ouvertement d'un redressement trop rapide, qui étoufferait la reprise économique en renchérissant les exportations européennes.
Preuve que cette crainte n'a rien de farfelu, elle a été relayée mi-janvier par Jean-Claude Juncker lui-même. S'exprimant devant des hommes d'affaires, le président de l'Eurogroupe (remplacé depuis par le néerlandais Jeroen Dijsselbloem) a estimé que, «pour les entreprises qui exportent à l'extérieur de l'Union européenne, le taux de l'euro est dangereusement haut». Au sommet de Davos, vendredi dernier, c'est le ministre de l'Economie français, Pierre Moscovici, qui s'est exprimé en ce sens.
Le sujet est d’autant plus pressant que le nouveau gouvernement japonais affiche, lui, sa volonté de déprécier le yen, et a fait plier en ce sens une Banque centrale théoriquement indépendante. De quoi faire craindre une «guerre des monnaies» – une succession de dévaluations compétitives de la part des grandes puissances économiques – dont l’Europe, accrochée à son orthodoxie monétaire, serait la perdante.
Euro fort et rapport Gallois
L'appréciation de l'euro a été soutenue par les déclarations d'intention de la BCE, et notamment, début septembre 2011, par la promesse d'une intervention «illimitée» – mais con