Bernard Arnault déménage ses caisses d’or pour les thésauriser outre-Quiévrain (1). Pourquoi s’en offusquer ? Il faut comprendre ce grand épargnant. Il a cinq bouches à nourrir, autant de parts à lotir. Notre milliardaire est avant tout un bon père de famille soucieux de transmission endogame. Il préfère ses enfants à ses cousins, ses cousins à ses compatriotes. C’est humain, trop humain, et tant mieux si nos amis (et cousins…) belges en tirent quelque profit.
D’ailleurs, tous autant que vous êtes, pouvez-vous me jurer que vous verriez sombrer sans trémolos dans le grand fourre-tout des biens nationaux, la petite chaumière bretonne qui a abrité vos débuts amoureux et les premières brasses de vos enfants ?
Arnault en tient pour la logique dynastique et la saga familiale. Il veut que son ADN et ses logos ne fassent plus qu’un, afin que son nom lui survive.
Il peut bien avoir fait fortune via la mondialisation des bénéfices et le cosmopolitisme de la marchandise, il n’en célèbre pas moins le droit du sang et la loi de l’entre soi. En la matière, il est frère de Pinault, Bolloré, Bouygues, Lagardère et compagnie. Souhaitons-lui simplement de s’éviter le destin du père Goriot et d’échapper à l’ingratitude de ceux qui pourraient mal supporter de tout lui devoir.
Autant Bernard Arnault est très 1789 dans sa célébration de la propriété privée et de la mise sous séquestre des bijoux de famille, autant Liliane Bettencourt est une révolutionnaire fiscale digne des bolcheviques de 1917. Il