Dans la liste des combats qu'il mènera jusqu'à son dernier souffle, Michel Rocard a placé la régulation de la finance presque aussi haut que la cause des pôles, Nord et Sud. «Nous vivons dans un monde, s'insurge l'ancien Premier ministre, où "800 T" - 800 trillions de dollars - sont disponibles et prêts à s'investir dans n'importe quoi : 98 % de placements sur les marchés spéculatifs et juste 2 % dans l'économie réelle.» Rocard affirme non sans arguments que l'économie mondiale continue de danser sur un volcan, comme si cinq ans après l'éclatement d'une crise provoquée par les banques et à la violence inégalée depuis 1929, rien n'avait changé, ou presque. Obama avait certes tancé vertement les milieux financiers et réussi à faire voter quelques lois, toutes finalement assez timides. François Hollande a tenu à son tour, pendant la campagne électorale, des propos martiaux contre un «adversaire sans nom et sans visage, le monde de la finance». Mais le projet présenté hier à l'Assemblée nationale par le ministre Pierre Moscovici, dont la caractéristique première est la prudence, ne fait qu'égratigner les grandes institutions financières françaises.
C’est que les partisans inspirés de la régulation se heurtent, ici comme ailleurs, à trois obstacles.
Le puissant lobby bancaire d’abord, d’autant plus influent qu’il a d’emblée agité la menace des suppressions d’emplois dans le cas où de trop fortes contraintes lui seraient imposées.
Le niveau inouï de complex