A quoi cela ressemble, un banquier satisfait d’un texte de loi peu contraignant, négocié depuis des mois avec le gouvernement, et qui redoute de voir des parlementaires irresponsables tout casser au dernier moment ? A Jean-Paul Chifflet, Frédéric Oudéa et Jean-Laurent Bonnafé, respectivement dirigeants du Crédit agricole, de la Société générale et de BNP Paribas, venus hier matin à l’Assemblée nationale se faire auditionner par les députés de la commission des finances à propos de la loi bancaire. Mal à l’aise, sur la retenue, s’énervant parfois, le trio a tenté de défendre le modèle de banque universelle à la française devant des députés pas convaincus.
Dès le début, Jean-Paul Chifflet donne le ton. Après quelques remarques lénifiantes sur ce nouveau texte très embêtant - car les banquiers doivent déjà se coltiner plein de réformes (les nouvelles normes comptables Bâle III, l'union bancaire européenne…) -, il doit bien en convenir : «La loi bancaire est une loi équilibrée.» Tout est déjà dit… Revient ensuite aux deux autres le soin d'expliquer que la séparation des activités de crédit et de spéculation - via la création d'une filiale spécifique - n'est pas une bonne idée. «Dans le cas de Fortis [repris par BNP Paribas en 2009 après avoir fait faillite, ndlr], je ne crois pas que cela aurait apporté quoi que ce soit», avance Bonnafé. «Le modèle intégré bénéficie à tous nos clients, ajoute Oudéa. On met en place des prêts, car on sait qu