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Libération
Reportage

A Amiens-Nord «tant qu’on n’a pas de recommandé, on n’y croit pas»

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Après des années de conflit, les ouvriers se montraient désabusés, hier.
publié le 31 janvier 2013 à 22h56

Rueil-Malmaison, en région parisienne, au siège de l'entreprise Goodyear-Dunlop Tires France, hier à 10 h 30. «La fermeture de l'usine est la seule option possible, après cinq années de négociations infructueuses», annonce la direction. Cent trente kilomètres plus au nord, sur le site d'Amiens (1 173 salariés), c'est - contre toute attente - le calme plat. Ni grève, ni prise de parole, ni action d'éclat. L'usine tourne, les salariés se rendent à leur poste, comme si de rien n'était. Sur le parking devant la grille d'entrée, une dizaine de journalistes font le pied de grue.

«Pologne». Tout le monde, en réalité, savait que la nouvelle risquait de tomber. «Mickaël nous l'a confirmé au téléphone ce matin. On se bat depuis six ans contre 400, 800, puis 1 200 suppressions d'emplois, on va continuer», rapporte Franck Jurek, délégué CGT. Mickaël, c'est Mickaël Wamen, leader d'une CGT hégémonique chez les Goodyear et acteur principal d'un bras de fer juridique interminable avec la direction, qui a vu ses plans de restructuration retoqués à cinq reprises en cinq ans (lire page 4).

Vers 14 heures, les salariés de l'équipe du matin sortent au compte-gouttes, tandis que d'autres entrent dans l'usine. Mais, dans ce ballet de la relève, pas grand monde ne consent à réagir. «On a l'impression de parler pour ne rien dire, lance un ouvrier. On évoque une fermeture possible en 2014, mais on nous annonçait déjà 817 suppressions de postes il