C'est la ruée au supermarché. Les clients se jettent sur le chariot de sucre à peine débarqué, en font tomber la moitié, en ramassent à même le sol et repartent avec tout ce qu'ils peuvent. Sucre, mais aussi lait, café, huile, et surtout farine de blé, indispensable pour cuisiner les arepas - le pain local. La plupart des aliments de base font défaut aux Vénézuéliens depuis quelques semaines. Pour le gouvernement, rien d'inquiétant. La présidente de la Superintendance des coûts et prix justes (Sundecop), Karlin Granadillo, a affirmé le 16 janvier qu'il est «normal que la production ait baissé en décembre avec les vacances», et que «la situation va se normaliser». «Les Vénézuéliens sont de grands consommateurs, les ventes explosent toujours à l'approche de Noël», explique l'économiste José Tomás Sayago, avant d'ajouter : «Vous avez le 13e mois ? Eh bien ici, les travailleurs reçoivent trois mois de salaire en plus en décembre !»
Sauf que la demande en janvier serait de 30% supérieure à ce qu'elle était un an avant, selon la Sundecop. Explication : les incertitudes générées par l'absence d'Hugo Chávez, toujours hospitalisé à Cuba, ont généré ce que l'Etat appelle des «achats nerveux». D'autant que les médias continuent de donner une «sensation de pénurie injustifiée», selon Karlin Granadillo.
Cependant, le gouvernement a tout de même pris certaines mesures. Depuis deux semaines, les autorités militaires ont récupér