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Enquête

Arctique: la conquête glaciale

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EcoFuturdossier
La débâcle climatique dans le grand nord ouvre un nouvel Eldorado de la pêche et de l'énergie que se disputent états et multinationales.
par Anne Denis, Envoyée spéciale à Tromsø (Norvège)
publié le 3 février 2013 à 22h06

Tromsø, 300 kilomètres au nord du cercle polaire arctique. Ce port norvégien accueillait, du 20 au 25 janvier, la conférence Arctic Frontiers - rendez-vous international consacré à l’avenir de cette zone. Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a bien résumé l’enjeu : «Les défis liés au changement climatique augmentent, mais les opportunités aussi, l’essentiel étant de maintenir un équilibre entre les deux.» Car le réchauffement de l’atmosphère est désormais visible à l’œil nu sur ce toit du monde. Selon le Centre américain de la neige et de la glace (NSIDC), la surface minimale de la banquise s’était réduite en septembre 2012 à 3,4 millions de km2, soit la moitié de la surface qu’elle occupait entre 1979 et 2000. Et les glaciologues anticipent la disparition totale de la glace l’été d’ici dix ou vingt ans.

Le compte à rebours s'emballe, les écologistes s'inquiètent. Etats et entreprises voient, eux, dans cette débâcle climatique une formidable opportunité économique : nouvelles routes maritimes, zones de pêche, réserves d'hydrocarbures jusque-là inaccessibles… L'Arctique est devenu l'eldorado. «Une trentaine de gouvernements projettent des intérêts politiques et économiques sur le Grand Nord», constate Laurent Mayet, président de l'ONG le Cercle polaire et conseiller de Michel Rocard, l'ambassadeur français pour les pôles (lire interview page IV) . A commencer par les cinq pays riverains : la Russie, qui