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Dernière frontière

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EcoFuturdossier
publié le 3 février 2013 à 22h06

«La désolation des étendues de glace, la solitude effrayante dans un monde infini et ingrat. Il est difficile de comprendre qu'on y reste, de sa propre volonté, et qu'en plus on s'y plaise.» Dans Un safari arctique et autres racontars (1994), l'écrivain danois Jørn Riel contemplait le Grand Nord avec une fascination mêlée d'une terreur vieille comme l'humanité. Mais le regard de l'homme sur cette mare incognita septentrionale a bien changé. La dernière frontière qui nous était hostile s'est muée en possible eldorado sous l'effet du grand réchauffement climatique. En trente ans, notre planète saturée de CO2 a accéléré sa poussée de fièvre à un rythme alarmant (+ 0,15 °C par décennie selon le Giec), provoquant la débâcle : depuis 1980, la banquise arctique a perdu 15% de sa superficie et 40% de son épaisseur…

Résultat, les nouvelles routes maritimes et zones halieutiques dont rêvaient navigateurs et pêcheurs depuis des siècles s'ouvrent peu à peu. Les fabuleuses réserves d'hydrocarbures et de gaz prisonnières des inlandsis depuis le Quaternaire deviennent accessibles aux «big oil companies». Et les minerais précieux du Groenland font rêver jusqu'aux Chinois… Impensable il y a encore vingt ans. Convois de porte-containers, armadas de navires-usines et géants de l'énergie ont déjà commencé à se frayer un passage en Arctique à coup de brise-glaces pour y exploiter tout ce qui peut l'être. Mais cette ultime offensive de la révolution industriel