Une autre finance est possible. Au service de l'intérêt général. Qui investirait dans l'économie réelle plutôt que de spéculer en jouant à «pile je gagne, face la société perd - et c'est le contribuable qui casque». Bien sûr, le puissant lobby bancaire résiste. A Bruxelles, son armada compte plus de 700 lobbyistes. Mais depuis dix-huit mois, un frêle Zodiac, l'ONG Finance Watch, tente d'exercer un contre-pouvoir. Et commence à se faire entendre à Berlin, Londres ou Paris. En écrivant une lettre ouverte au ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, elle s'est invitée dans le débat français sur le projet de loi censé séparer et réguler les activités bancaires. Discuté ces jours-ci à l'Assemblée nationale, celui-ci égratigne à peine les opérations spéculatives des banques. Un renoncement du politique, un an après les promesses électorales de François Hollande. Reportage au QG bruxellois de Finance Watch, où nous avons suivi ses treize salariés. Pas des révolutionnaires, juste des banquiers défroqués en quête de (bon) sens.
Mardi 29 janvier, 16 h
«Pas de populisme»
«Où est la hache ?» Grande, élégante, Aline Fares déboule dans le bureau en rigolant. Ancienne de Dexia, la banque franco-belge sauvée à grands frais, la conseillère en stratégie et analyse