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Rétrograder les agences de notation

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publié le 10 février 2013 à 19h07

Aveugles, incapables, intolérantes. Alexandra Ouroussoff n'épargne rien aux agences de notation dans Wall Street at War, son livre dont la traduction française, Triple A sort demain. L'anthropologue franco-américaine a longuement enquêté (six ans) pour comprendre la montée en puissance de ces agences, recueillant des témoignages forts sur le système vu de l'intérieur.

Comme celui de Maurice (les prénoms ont été modifiés), un analyste lucide sur les conséquences de son activité, qui confiait, avant la crise financière de 2007, s'être déjà «préparé» : «J'ai acheté un bout de terrain, de la bonne terre, dans un pays chaud où je pourrai faire pousser des tomates. Quand ça explosera, je partirai avec ma femme et mes enfants.» Il n'était bien sûr pas le seul. «Vous croyez que les autres investissent sur le marché ? poursuit Maurice. Bien sûr que non.»

Alexandra Ouroussoff lève surtout le voile sur la guerre silencieuse à l’œuvre entre, d’un côté des actionnaires et grandes agences convaincus que les entreprises sont parfaitement aptes à développer des stratégies engendrant le moins d’incertitude possible, de l’autre des patrons pour qui la prise de risque reste essentielle.

«L'une des missions des trois principales agences est d'installer un modèle de marché non concurrentiel directement dans l'économie mondiale», explique Alexandra Ouroussoff à Libération.

En réaction à «la menace et l'intimidation» des