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Libération
Reportage

Au Portugal, tout doit disparaître

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Télé publique, compagnies aériennes, distributeurs d’électricité : le pays brade son patrimoine industriel public pour réduire le déficit. Exemple avec les chantiers navals de Viana do Castelo.
publié le 14 février 2013 à 22h33

Sur fond d'immenses grues immobilisées, des centaines de travailleurs se dirigent en masse, la tête baissée et le pas rapide, vers la cantine de l'entreprise. Il est 13 heures, le déjeuner attend les 526 salariés des chantiers navals de Viana do Castelo (Portugal), coincés entre le fleuve Lima et l'océan Atlantique. Ce matin, comme tous les jours, ils ont pointé dès 8 heures pour ensuite ne rien faire, jouer aux cartes, discuter, tuer le temps ; seuls une trentaine d'entre eux ont vaguement œuvré à la réparation d'un navire. Depuis 2007, ces chantiers - une fierté nationale - connaissent un lent déclin et, ces derniers mois, l'activité est quasiment nulle, faute de commandes. Un contrat de deux asphaltiers devant être livrés en 2014 a certes été signé avec le Venezuela contre 128 millions d'euros, mais les travaux ont été stoppés, sans que l'on sache réellement pourquoi. «Ce qu'on vit, ici, c'est du terrorisme psychologique», confie à l'entrée Antonio Costa, président du comité d'entreprise, las et les traits tirés. «Les nerfs sont à vif, certains ont des crises d'anxiété. Ne rien faire, ne rien savoir, ça te casse le moral.» Lui a commencé à travailler ici vers 14 ans. Pour la majorité des travailleurs, quatre décennies se sont passées sur ces quais : toute une vie. «La plupart voudraient prendre leur retraite anticipée à 55 ans, mais c'est impossible, avec la nouvelle loi», déplore son compère José Pereira. Versé dans l'austérité, le gouvernement