Menu
Libération
Interview

«La décroissance, ce n'est pas l'austérité»

Article réservé aux abonnés
publié le 14 février 2013 à 16h35

Les réactions inquiètes à la croissance zéro mesurée par l'Insee pour 2012 le montrent : l'augmentation du PIB, censée entraîner l'emploi et les salaires, reste l'objectif indépassable des politiques économiques. Dans un tel contexte, les partisans de la «décroissance», qui contestent l'idée d'une augmentation infinie de la production, ont bien du mal à se faire entendre. Directeur du bimestriel La vie est à nous/Le sarkophage, auteur (1), Paul Ariès reconnaît le marasme actuel des milieux décroissants, et appelle à l'expérimentation concrète de solutions alternatives. 

Le retour de la croissance fait figure de principal horizon politico-économique. La crise n'a donc rien changé à cet égard ?

Une crise est rarement profitable à l’imagination collective. Einstein disait que l’on ne peut résoudre un problème à partir des structures qui l’ont engendré. Cela vaut pour le personnel politique actuel. La crise incite toujours à parer au plus pressé, et la remise en cause du mythe de la croissance, qui connaissait un vif regain depuis dix ans, est en recul. Cette situation s'était d'ailleurs déjà produite au milieu des années 1970. Il me semble qu'aujourd'hui, la gauche n’est pas à la hauteur de l’enjeu. On reste dans l’idée que la croissance est la solution, alors qu’elle est le problème, écologiquement, socialement et politiquement.

Les partisans de la décroissance ont-ils une responsabilité dans ce reflux ?

Il faut reconnaître que oui, pour avoir laissé confondre décroiss