Journaliste, Fabrice Nicolino a notamment publié, en 2009, Bidoche, l'industrie de la viande menace le monde (éditions Les liens qui libèrent). Il dénonce une industrie qui «a échappé au contrôle social et moral des humains».
Que raconte ce nouveau scandale alimentaire ?
Qu'on est face à une énorme farce. Le 11 février, sur RTL, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture «découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de trading entre grossistes à l'échelle européenne». Faux : il connaît ce monde de l'agrobusiness et ses rouages. Il est petit-fils de paysan, titulaire d'un BTS d'agriculture… Sa fonction l'oblige à rassurer les marchés : il sait qu'on ignore comment une telle crise peut finir. Des politiques aux patrons, on fait semblant de découvrir que la transformation de la viande est un business mondialisé, avec sa spéculation, ses traders, ses truands.
Qui est responsable ?
Tout le monde ! Il suffit de lire les spécifications de 2003 sur la viande hachée, qui parlent de «minerai» [utilisé dans les lasagnes, ndlr] fabriqué à base de collagène, de graisses, d'os : de la merde en pot ! 99,5% de la viande consommée en France vient de systèmes industriels. Même les bêtes élevées en plein air et à l'herbe ont souvent des compléments de soja transgénique.
Et la Commission européenne ?
Elle est prisonnière de son dogme libéral : l’industrie doit avoir un minimum de contrainte. Après avoir jugé prématurée l’indication obligatoire du pays d’origine de la viande, elle l’envisage. Cela changera quoi ? Cela enrayera-t-il les trompe