Comme la vache folle en son temps, la lasagne chevaline ruera-t-elle suffisamment dans les brancards de la filière agroalimentaire pour la faire vaciller ? Sûrement pas. Mais cette fraude mise au jour reste en travers de la gorge des Français : 41% d'entre eux affirment ne plus vouloir consommer les marques mises en cause (Findus, Picard…), réclamant même que celles-ci soient purement et simplement interdites. Sans aller jusque-là, peut-être ce scandale est-il l'occasion de redimensionner une industrie orgiaque, qui fait «de la bouffe comme on fait des boulons de 8», selon l'expression d'un ancien de l'agro-alimentaire.
Qui a fauté ?
Le ministre de la Consommation, Benoît Hamon, a commencé, hier, par «blanchir» la Roumanie (lire page 4), où ont été abattus les chevaux : «On nous certifie que la viande était étiquetée "cheval origine Roumanie". Rien ne nous permet de douter de cette version.» Trois autres acteurs semblent moins bien embarqués. La société agroalimentaire Spanghero, à Castelnaudary, savait qu'elle revendait de la viande de cheval, celle-ci arrivant chez elle avec l'étiquette douanière correspondante. Spanghero s'est donc rendue coupable d'une «tromperie économique» en la refourguant comme du «bœuf origine UE» au fabricant de plats cuisinés Comigel. L'entreprise, qui continue à nier toute fraude intentionnelle, sera poursuivie. Le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, lui a immédiatement retiré son agrément sanitaire