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Libération

«Nous sommes au bord de la rupture»

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Xavier Timbeau, directeur à l’Observatoire français des conjonctures économiques :
publié le 14 février 2013 à 22h33

Pour Xavier Timbeau, directeur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ce sont les politiques budgétaires restrictives qui enlisent l’Europe dans la récession.

Etes-vous surpris par le recul de 0,6% du PIB de la zone euro au quatrième trimestre 2012 ?

Non. Au-delà de l’Italie, de l’Espagne ou encore de la Grèce hier, la baisse aujourd’hui de la croissance en Allemagne, au Pays-Bas et en France est un recul auto-infligé dû à la priorité donnée à la réduction des déficits publics sur la réduction du chômage. Mais si la croissance décroche plus que prévu, c’est aussi parce que les effets des politiques d’austérité, qui sont synchrones dans la plupart des pays de la zone euro, ont été sous-estimés. Même le Fonds monétaire international a montré que les pays de la zone euro ont négligé l’impact que les plans d’austérité auraient sur l’activité.

Mais comment évaluer l’impact des plans d’austérité ?

Par le multiplicateur budgétaire. En clair, il s’agit d’évaluer quel sera l’impact sur l’activité économique d’une réduction de la dépense publique. Or, la plupart des travaux nous montrent que le multiplicateur dépasse actuellement  1,5 point de produit intérieur brut. Ce qui signifie qu’un point de PIB de restriction budgétaire en Europe entraîne un recul de l’activité de 1,5 à 2 points de PIB. C’est la preuve qu’une politique de restriction budgétaire n’a pas d’impact à court terme sur le déficit public et qu’elle induit même une hausse de la dette publique. A trop vouloir réduire sa dépense publique, l’Europe s’est installée dans ce cercle vicieux…

Partagez-vous l’avis de ceux qui expliquent que la crise des dettes souveraines appartient désormais au passé ?

Attention à l’effet boomerang. Car ceux qui tiennent ce di