Pour Bruno Amable, professeur de sciences économiques à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, le modèle français
«évolue vers une configuration plus conforme au modèle libéral»
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(Photo DR)
Le Premier ministre dément «tout nouveau plan de rigueur pour 2013». Qu’en pensez-vous ?
Il est difficile de qualifier autrement la politique menée : la priorité affichée reste de ramener le déficit public à 3% alors que cet objectif est rendu difficilement atteignable par la récession dans laquelle s’enfoncent l’Europe et donc la France. L’exécutif en est réduit aux coupes budgétaires tous azimuts, donc à la rigueur.
Le concept de «rigueur de gauche» a-t-il du sens ?
On peut donner une tonalité partisane à la rigueur en supprimant certains crédits plutôt que d’autres. Néanmoins, quand on donne 20 milliards d’euros au patronat, dans le cadre du pacte de compétitivité, on peut difficilement parler de rigueur de gauche. Il faut aussi se méfier de la fausse rigueur de gauche. Par exemple, fiscaliser les allocations familiales ou les plafonner en fonction du revenu, va dans un premier temps pénaliser les classes aisées. Mais, à plus long terme, on affaiblit le soutien politique dont bénéficient ces prestations, et donc on délégitime leur existence.
Y a-t-il une autre voie possible ?
Probablement pas dans le cadre des contraintes de l’intégration européenne. Celles-ci, pour le dire rapidement, empêchent de conduire une politique de gauche. S’il s’y plie, le gouvernement n’a d’autre choix aujourd’hui que de mener une politique économique de centre droit et conduire des réformes structurelles qui vont transformer en profondeur le modèle social. Je ne suis pas ce