Pour Antoine Bozio, directeur de l’Institut des politiques publiques (IPP) et membre du Conseil d’analyse économique (CAE), réduire les dépenses publiques peut, au contraire, renforcer l’Etat-providence.
(Photo DR)
Après avoir mis l’accent sur la hausse des impôts, le gouvernement s’attaque à la baisse des dépenses. Comment jugez-vous sa stratégie ?
C’est une bonne stratégie. Les mesures fiscales sont les plus faciles à mettre en œuvre rapidement, avec moins d’effets négatifs sur la croissance. Du fait de la crise, le niveau des dépenses publiques a très fortement augmenté. C’est une hausse mécanique, puisque le revenu national baisse, que l’impôt sur les sociétés rapporte moins et qu’il y a plus de chômeurs à indemniser. Aujourd’hui, la France est sur le point de dépasser le Danemark pour atteindre le plus haut ratio de dépenses publiques de tous les pays développés. Ramener ce ratio de 56% à 53% du PIB est un objectif cohérent. Il est normal qu’après une période de crise l’Etat s’attache à ramener ses dépenses au niveau d’avant la crise. A 53% du PIB, la France resterait d’ailleurs au-dessus de la moyenne de l’Union européenne.
De quels gisements d’économies dispose l’Etat ?
C’est là qu’est l’enjeu, dans l’identification des coupes. La mauvaise façon de couper est de tout raboter un peu, de vouloir contenir l’ensemble de la dépense publique, sans distinguo sur son utilité. Or, pour atteindre l’objectif de 60 milliards d’euros d’économies, on ne pourra pas se contenter d’un rabotage. Il va falloir faire des choix et être capable de les assumer, en ciblant les dépenses inefficaces.
Lesquelles, par exemple ?
Si on mène une évaluation des 40 milliards d’euros consacrés à la politique du