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Foule power

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EcoFuturdossier
publié le 24 février 2013 à 19h06

«La foule a beaucoup de têtes et pas de cervelle», dit un vieux proverbe. Les élites se sont toujours rassurées comme elles peuvent face à la populace. Oui mais ça, c'était avant Internet. Avec cet «âge de la multitude», vanté par Nicolas Colin et Henri Verdier dans un livre éponyme sorti l'an dernier, la foule s'est découvert une intelligence individuelle et collective… et un pouvoir politique et économique inédit dans l'histoire. Le crowdfunding en est une belle illustration : c'est l'avènement du financement par tous et pour tous, parfois, souvent, envers et contre la logique usurière des banques. Les 2,3 milliards d'internautes que compte la planète sont devenus un ensemble «intelligent, mouvant, auto-organisé» capable de déjouer les monopoles et la «prédation» du marché, expliquent Colin et Verdier. Dans Multitude (La Découverte, 2004), les philosophes Toni Negri et Michael Hardt plaçaient tous leurs espoirs dans «ce réseau traversant nations et continents» pour ériger la «démocratie à l'échelle globale» et abattre «l'empire» de la mondialisation.

L'analogie s'arrête là. En bons entrepreneurs du Web, Verdier et Colin ne sont nullement néomarxistes. Ils préfèrent voir dans la foule des internautes le principal moteur de l'économie du XXIe siècle. «Faire levier de la multitude, c'est aujourd'hui le cœur de la puissance», écrivent-ils. Cette proposition est celle du crowdfunding, qua