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Libération

Elections italiennes : l’Europe est responsable

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publié le 25 février 2013 à 21h53

Vue de France, l’incroyable remontée de Berlusconi pendant la campagne italienne, et plus généralement le score élevé du vote populiste et l’instabilité politique qui s’annonce, semblent difficiles à comprendre. Il existe certes une irréductible spécificité berlusconienne italienne. Il serait cependant trop facile de tout renvoyer à cet exotisme transalpin, sans rapport avec nos propres réalités et nos propres responsabilités. La France a, elle aussi, des tropismes électoraux surprenants, à commencer par le vote lepéniste, père et fille, qui ne cesse d’étonner les observateurs étrangers.

L’engouement pour l’humoriste Beppe Grillo, qui a séduit nombre d’électeurs de gauche en proposant tout à la fois un revenu minimum et un référendum pour sortir de l’euro, avec le soutien d’intellectuels et d’écrivains comme Dario Fo, n’est pas sans rappeler l’engouement pour Coluche qui, fin 1980 et début 1981, dépassait 15 % dans les sondages, avec le soutien de Pierre Bourdieu et Gilles Deleuze, avant de se retirer de la course à la présidentielle. Dans les deux cas, on observe la même défiance à l’égard des élites politiques jugées carriéristes, et du manque de courage et de clarté de leurs engagements. Est-on bien sûr que cela ne pourrait jamais se reproduire en France ?

Si l’élection italienne nous interpelle, c’est avant tout parce que la défiance croissante des Italiens vis-à-vis de l’Europe, alors qu’ils étaient jusqu’à récemment les plus Européens de tous, est en partie due à notre é