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Analyse

Patrons : la France sur la piste suisse ?

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Depuis quatorze ans, rien n’a été fait pour limiter les rémunérations des hauts dirigeants dans le privé. La gauche au pouvoir prévoit fin mars un projet de loi, jugé timide.
L'homme d'affaires et sénateur suisse, Thomas Minder, à l'origine du vote suisse sur les indemnités de départ des patrons, le 3 mars 2013 à Schaffhausen (Photo Fabrice Coffrini. AFP)
publié le 4 mars 2013 à 22h26

Et voilà la Suisse - un pays habituellement vilipendé pour son secret bancaire et sa fiscalité attractive pour les riches - qui donne des leçons à l’Europe sur sa gauche ! En limitant par référendum les «rémunérations abusives» des grands patrons, les Helvètes donnent des idées à leurs voisins, et notamment au gouvernement français.

Après Pierre Moscovici, dimanche, c'est le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui, hier, a dit vouloir «s'inspirer» d'une «excellente expérience démocratique où les Suisses montrent la voie». Mais pour faire quoi exactement ? On l'a vu avec la très timide réforme bancaire, adoptée en février par l'Assemblée nationale, le gouvernement hésite à s'attaquer au monde économique. Une attitude qui rappelle celle de ses prédécesseurs, comme le prouvent les polémiques suscitées par des rémunérations patronales souvent démesurées.

Un vieux débat politique

Cela fait maintenant quatorze ans que la question des rémunérations extravagantes des patrons provoque épisodiquement des contestations. Depuis un premier scandale datant de 1999 : la presse révèle que 250 millions de francs (38 millions d’euros) ont été versés en toute discrétion à Philippe Jaffré, le président d’Elf, pour qu’il accepte que sa société se fasse racheter par Total. Réaction du gouvernement Jospin : mettre fin à l’opacité. Une loi, adoptée en 2001, impose la transparence du salaire fixe, des bonus et des stock-options des patrons. Mais