C’était ça ou la fermeture de l’usine, selon la direction : 10% de baisse de salaire ou pointer à Pôle Emploi. Alors, en 2010, les salariés de General Motors (GM) Strasbourg ont fait une croix sur leur prime d’intéressement (500 euros annuels), renoncé à six jours de RTT et consenti à un gel des salaires pendant deux ans et demi. En contrepartie, le constructeur américain a repris pour un euro symbolique son site de production de boîtes de vitesse jusque-là géré par une filiale, et s’est engagé à garantir du travail jusqu’en 2020…
«On a certes perdu des acquis sociaux, mais cela nous a permis de rester compétitifs et d'avoir un horizon, un avenir», justifie Jean-Marc Ruhland, secrétaire CFDT du comité d'entreprise, qui «préfère être un gars de la CFDT chez GM que de la CGT chez Goodyear». Car, «nous, on a décidé d'arrondir les angles, et pour l'instant cela fonctionne».
«Chantage». A l'usine, pourtant, les négociations ont laissé des traces. «Avec le couteau sous la gorge, c'était plutôt du chantage», corrige le délégué CGT Roland Robert. Pour qu'il y ait reprise, il fallait que tous les syndicats paraphent l'accord. Et la CGT a refusé. Le cégétiste se souvient parfaitement de ce jour de juillet 2010, où il a vu «les cadres et les techniciens descendre des bureaux» pour le «coincer», lui et ses collègues de la CGT. «Séquestrés durant deux heures», «menacés», «violentés», ils ap