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Libération
EDITORIAL

Compromis

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publié le 5 mars 2013 à 21h36

Les raisons, nous les connaissons toutes : un enchaînement rapide de crises, bancaire, financière, monétaire, économique, qui plongent les Etats en quasi-banqueroute, dans le marasme et la récession. Il y a fort à parier que beaucoup de chefs d’entreprise aujourd’hui en grande difficulté ou de chômeurs n’ont jamais boursicoté. Et ne sont donc en rien responsables ou coupables de ce qui leur tombe sur la tête. Cette injustice, proprement révoltante, s’impose comme le sujet politique explosif de ces prochaines années : les partis de gouvernement ne savent pas s’en saisir ; les populistes s’en repaissent ; les élections débouchent sur d’introuvables configurations. En attendant, dans la panade, il faut travailler à sauver le travail. Ou ce qu’il en reste. Oui, pour cela, il faudra rendre des droits chèrement acquis et des protections sociales. Oui, il faudra bâtir des compromis au sein des entreprises sans quoi celles-ci fermeront. Oui, pour le dire avec ces mots autrefois clinquants, il faudra travailler plus pour gagner autant et peut-être même moins. Oui, ce scénario reste mille fois préférable au chômage. Aucune des phrases qui précède n’est dictée par l’idéologie qui normalement les inspire : le mépris social et la haine des pauvres qui, crise ou pas, s’exprime toujours sur le même ton. Il s’agit aujourd’hui de l’inverse : trouver le moyen, pour une période limitée, dans le dialogue social au sein des entreprises, de maintenir en activité des pans entiers de la population