Inaugurée en 1931 par Paul Doumer, la Maison de la Mutualité a vu depuis passer tous les ténors de la gauche. La grande salle de 1 789 places, en référence à la Révolution, a accueilli Léon Blum en 1933, lors du congrès de la SFIO, et Daniel Cohn-Bendit et Alain Krivine en Mai 68. Plus près de nous, Lionel Jospin et Ségolène Royal s'y sont fait investir comme candidat du Parti socialiste à la présidentielle. Le Palais, ainsi renommé pour ses volumes imposants et ses nombreux ornements, a aussi accueilli des chanteurs - Ferré, Brel, Renaud - se réclamant de la gauche. Mais cette «Mutu», comme l'appelaient affectueusement militants et syndicalistes, a vécu. En 2009, la Fédération de la mutualité française, propriétaire du bâtiment, a été obligée d'en confier la gestion à GL Events pour cause de déficit chronique. «Ce ne sera plus le lieu privilégié par la gauche ou les syndicats. Pour récupérer son investissement, GL Events n'aura qu'une idée : rentabiliser. La Maison va devenir un palais des congrès comme les autres», craignait à l'époque un syndicaliste CFDT.
Une prédiction qui s’avère assez juste. Vingt mois de travaux et 20 millions d’euros plus tard, la Mutualité revue par l’architecte et designer Jean-Michel Wilmotte ressemble plus à un hôtel de luxe qu’à un lieu de meetings enfiévrés. Wilmotte a privilégié les couleurs neutres, gris et beige, et a conservé au maximum les ornements arts déco, les pièces manquantes ou abîmées étant reproduites à l’identique. La gr