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Libération

Free et la crédibilité des économistes

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publié le 11 mars 2013 à 19h06

Depuis quelques semaines, une pétition circule dans les cercles universitaires, dénonçant la procédure judiciaire dont est l'objet Bruno Deffains, professeur d'économie. Celui-ci était accusé par Free Mobile (et son flamboyant fondateur, Xavier Niel) de l'avoir «dénigré» dans une tribune parue dans les Echos en juin ; pire, Free reprochait à l'universitaire d'avoir écrit cette tribune après avoir été payé par ses concurrents, et demandait l'accès au disque dur du chercheur pour prouver ses dires. Malgré une perquisition matutinale chez le professeur, qui fit grand bruit dans le monde feutré de la recherche et déclencha la pétition de soutien, le tribunal de grande instance de Paris vient de débouter Free de ses demandes, et de condamner la société à payer les frais d'avocat.

Rappel des faits : dans sa tribune, Bruno Deffains estimait, à la suite d’un rapport plus circonstancié (dont on peut regretter qu’il ne soit pas facilement disponible), que l’entrée de Free sur le marché de la téléphonie mobile allait détruire 55 000 emplois, directement ou indirectement. Bigre : tous ces consommateurs qui se sont réjouis de la brèche ouverte dans l’oligopole des trois opérateurs historiques, ces 5 millions de clients qui ont basculé sur une offre moins chère, et fait baisser les tarifs des autres de plus de 10 %, tous ceux-là savaient-ils qu’ils étaient des destructeurs d’emplois, voire des affameurs du peuple ? On peut froncer les sourcils à la lecture de cette analys