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Libération
Reportage

Le carburant vénézuélien, quintessence de contrebande

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Les prix très bas favorisent un trafic avec la Colombie voisine qui ferait vivre plus de 115 000 familles de part et d’autre de la frontière.
Un homme siphonnant le réservoir d’une voiture vénézuélienne à Cúcuta, en Colombie, en août 2012. (Photo AFP)
publié le 12 mars 2013 à 20h06

La technique est simple et légale. Pour gagner, en l’espace d’une journée, un quart du salaire minimum mensuel, il suffit de se lever tôt. Luis fait une heure de queue devant une station-service au Venezuela, paye son plein 4 bolivars (0,50 euro), en laisse 5 de pourboire au pompiste et roule vers la frontière colombienne. Trente kilomètres, trois contrôles douaniers et trois heures d’embouteillages plus tard, il revend la moitié de son plein en Colombie pour 450 bolivars, cinquante fois sa mise de départ.

Aux alentours de San Cristóbal, capitale de la région de Táchira, à l'extrême ouest du pays, tous les jours des milliers de Vénézuéliens font comme Luis. Selon Johnson Delgado, député d'opposition au Parlement régional, le trafic d'essence générerait plus de revenus que la drogue. Rien que dans le Táchira, plus d'un million de litres franchiraient illégalement la frontière chaque jour. Le professeur d'économie Rafael MacQuhae en rigolerait presque : «Le plein coûte cent fois moins cher qu'un café ! Le manque à gagner est énorme. La compagnie d'Etat PDVSA produit à perte en offrant son pétrole aux Vénézuéliens, dont une partie alimente la contrebande à la frontière.»

Paramilitaires. Malgré les immenses ressources d'or noir du pays, cette politique de prix bas lancée par le défunt président Hugo Chávez est une absurdité économique. Mais le trafic qu'elle engendre fait vivre environ 40 000 familles autour de San Cristóbal. Chaque v