Le 14 mars 2003, Gerhard Schröder, au pouvoir depuis près de cinq ans, prononce au Bundestag un discours de politique générale historique… passé quasiment inaperçu. Le chancelier annonce «des réformes de structure en profondeur», parle de «couper dans les dépenses de l'Etat, d'encourager l'initiative privée et d'exiger davantage de chacun…»
Dix ans plus tard, le catalogue de réformes libérales adopté par les sociaux-démocrates et les Verts - plus connu sous le nom d'«Agenda 2010» - divise toujours l'Allemagne. Pour les uns, cet ensemble de textes (lois Hartz I à IV) a permis au pays de sortir de la crise. Pour les autres, il n'a fait qu'accroître les inégalités sociales. Et, depuis dix ans, quelques milliers de personnes manifestent chaque lundi à Fribourg, Brême ou Eisenhüttenstadt contre «ces coupes à la hussarde dans les budgets sociaux». Retour, dix ans après, sur une réforme polémique.
Pauvres. Mars 2003. L'Allemagne en crise ne se remet pas du coût colossal de la réunification. Pour l'hebdomadaire The Economist, la République fédérale est «l'homme malade de l'Europe». «Nous avions tout essayé, se souvient Wolfgang Clement, alors ministre du Travail. Rien à faire pour faire passer le chômage sous la barre des 4 millions. L'économie stagnait depuis deux ans. Il fallait agir.»
La cure d’austérité est radicale. En deux ans seulement, les allocations chômage sont limitées à do