Le «caméléon». Dans l'entourage du tout nouveau responsable de la CFDT, Laurent Berger, c'est ainsi qu'on qualifie Thierry Lepaon. Le successeur - désigné dans la douleur - de Bernard Thibault, qui quitte cette semaine l'organisation après quatorze ans de mandat, ne cesse d'intriguer au siège parisien de la centrale réformiste. «Pour l'instant, il n'est pas vraiment fiable, il dit ce que son interlocuteur a envie d'entendre, quitte à se contredire», raconte-t-on à la CFDT. Plus inquiétant encore pour les cédétistes, comme pour le gouvernement : cette passation de pouvoirs coïncide avec la résurgence de fortes tensions entre les deux principales confédérations.
Dernier épisode illustrant cette nouvelle fracture : l'incinération d'un drapeau CFDT par un militant CGT (action filmée et postée sur le Net), à Lille, lors de la manif du 5 mars organisée par FO et la CGT contre l'accord sur l'emploi. «Un fait grave et inacceptable, indigne du mouvement syndical», avait alors dénoncé la CFDT, jeudi, en s'étonnant de l'absence de condamnation de la direction cégétiste. Sous pression, cette dernière réagira le lendemain, mais à minima. «Les divergences syndicales ne sauraient […] justifier des actes qui ne respectent pas le pluralisme des idées et des organisations», explique le communiqué de la CGT, qui s'empresse de replacer l'incident dans le contexte d'un «mouvement syndical français malheureusement divisé». Une situation «d'autant pl