Pour Jean Pisani-Ferry, qui dirige le centre de réflexion européen Bruegel, la taxe sur les dépôts bancaires est nécessaire pour éviter la faillite du système bancaire chypriote. Néanmoins, il plaide pour que les petits dépôts soient épargnés, une solution qu’a refusée Chypre pour éviter d’avoir à imposer davantage les non-résidents, ce qui risquait de les faire fuir.
Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi cette voie ?
Chypre a besoin de 10 milliards d’euros pour sauver son système bancaire, soit 60% de son PIB, ce qui bat le précédent record irlandais (40% du PIB). A l’échelle française, cela ferait 1 200 milliards. Le secteur bancaire chypriote est hypertrophié : les dépôts y représentent 100 000 euros par adulte, sans commune mesure avec la richesse réelle des habitants de l’île. Prêter à cet Etat 10 milliards pour sauver les banques, en plus des 7 milliards rendus nécessaires par sa situation budgétaire, c’était de facto le rendre insolvable. Le FMI a logiquement refusé d’entrer dans un mécanisme dans lequel le prêt concourt à l’insolvabilité et aboutit à des pertes pour les partenaires. Il a donc demandé une solution immédiate.
Mais n’y avait-il pas un autre moyen que de taxer l’ensemble des dépôts ?
La question était simple : sur qui faire peser le poids du règlement de la crise bancaire ? Les créanciers obligataires des banques ? Mais les banques chypriotes en ont très peu, ce qui signifie que ce n’est pas une solution quantitative, même si on aurait dû les impliquer pour des raisons de principe. Une augmentation des impôts ? Mais pourquoi faire payer les seuls chypriotes, et pas les déposants