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Libération
Récit

Chypre, l’île qui cherchait 5,8 milliards

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Chypre, le naufragedossier
Même amendé en faveur des plus modestes, le projet de taxe a été retoqué. L’Europe laisse le pays libre de boucher le trou. Mais vite.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 19 mars 2013 à 22h36

Le Parlement chypriote a rejeté avec fracas hier soir le plan de sauvetage des banques locales conclu entre son gouvernement et la zone euro par 36 voix contre, aucune pour, 19 députés s’abstenant. Ce plan prévoyait, notamment, de taxer à hauteur de 5,8 milliards d’euros l’ensemble des dépôts bancaires de l’île, qui se montent à plus de 70 milliards d’euros. Le risque est que, dès la réouverture des banques, prévue normalement jeudi matin, on assiste à un «bank run» : une fuite massive de capitaux, ce qui ne ferait que précipiter une faillite devenue inéluctable sans argent européen. En effet, l’impôt frappant les dépôts ne pourra s’appliquer sans loi et l’intérêt des déposants - comme ce fut le cas en 2007 avec la banque britannique Northern Rock - sera de retirer au plus vite leur argent pour éviter une éventuelle future faillite. Un déposant averti en vaut deux…

Pour éviter cette catastrophe, il est probable que le gouvernement décide de prolonger la fermeture des banques («bank holiday») de plusieurs jours. Reste que Chypre a toujours besoin de 17 milliards d’euros pour éviter le défaut de paiement et la faillite de son système bancaire. Le gouvernement va devoir renégocier avec l’Eurogroupe et le Fonds monétaire international qui, quoi qu’il en soit, ne mettront pas plus de 10 milliards d’euros dans ce sauvetage. A charge, en conséquence, pour Nicosie, de trouver l’argent qui manque pour tenter de sortir de la nasse.

Non-résidents. Po