Les Chypriotes retiennent leur souffle. Voilà six jours que les banques sont portes closes. Les habitants de Nicosie, suspendus aux nouvelles, vivent dans l’incertitude et la colère. En apparence, tout est calme dans la capitale. Mais le mot «faillite» s’est installé dans les têtes et les conversations. Et avec lui, l’angoisse.
Quand les banques rouvriront - pas avant mardi - les épargnants se précipiteront-ils en masse aux guichets pour retirer leur bas de laine ? Antony hausse les épaules. «Pour en faire quoi ? Planquer mes 10 000 euros sous mon matelas ?» Ce vendeur de chaussures de 42 ans, cheveux gominés et lunettes de soleil, n'a guère de clients ces jours-ci : «Personne n'achète, personne ne vend, on est comme morts.» Pas mieux pour sa femme, employée de banque au chômage technique. Pour eux, laisser leur argent à la banque est aussi une question de principe : «Ceux qui ont des millions vont se débrouiller pour mettre leur argent à l'abri, mais nous, on n'est pas des poules mouillées ! On est prêts à perdre de l'argent pour sauver notre pays.»
George Ktenas, un pharmacien de 65 ans, coupera la poire en deux : «J'ai 65 000 euros d'économies. J'en mettrai la moitié dans une banque d'Etat plus sûre, pour mes vieux jours. L'autre moitié restera où elle est. Je veux contribuer à aider mon pays. Nous, les Chypriotes, on s'est toujours battus, ce n'est pas aujourd'hui qu'on va baisser les bras.» Sa pharmacie tourne encore, mais il commence à