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Libération
EDITORIAL

Monstre

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publié le 21 mars 2013 à 22h36

La scoumoune ! Après la démission de Jérôme Cahuzac, revoici une banderille plantée au dos de la taxe à 75% sur les plus hauts revenus. Il faut avouer que ladite taxe est mal née. En pleine campagne présidentielle, elle tétanise l’entourage de François Hollande qui se demande comment un tel monstre, improvisé pour sa capacité à frapper les esprits et engranger des votes, pourra concrètement être appliqué. Arrivé au pouvoir, le cauchemar continue : le temps d’ajuster la communication dans une anthologique cacophonie, le Conseil constitutionnel retoque la taxe, jugée confiscatoire, donne au gouvernement une leçon de droit pour débutants, une autre de morale fiscale. Et lui inflige, au passage, une belle séance d’humiliation publique. Le dernier épisode restera cependant comme le plus farce : c’est désormais le Conseil d’Etat qui recommanderait de ne pas dépasser 66%, taux certes moins rutilant mais peut-être plus rentable que la version à 75% ! Deux morales provisoires d’une histoire encore en cours. D’abord, relève-t-il vraiment, dans une démocratie comme la France, du Conseil constitutionnel de dire au-delà de quel seuil un impôt est confiscatoire ? Ensuite, à trop ravauder un système fiscal mité de toutes parts, connaissant autant d’exceptions que de règles, la énième rustine entraîne fréquemment une longue somme de dysfonctionnements avant de trouver son efficacité relative. A quand une profonde réforme fiscale, dont un économiste comme Thomas Piketty a esquissé un modèle