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Décryptage

Chypre, cas d’espèce pour l’Europe

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Chypre, le naufragedossier
Paradis fiscal au bord de la faillite, l’île met Bruxelles en difficulté, contraint de sauver un de ses membres en exigeant une refonte de son système bancaire, sur lequel repose toute l’économie du pays.
publié le 24 mars 2013 à 22h51

Avant Chypre, aucun pays de la zone euro n’avait jamais rejeté un plan dicté à Bruxelles. Avant Chypre, aucun «sauvetage» d’Etat en détresse n’était allé jusqu’à ponctionner les dépôts bancaires de ses habitants. Avant Chypre, jamais, depuis plus d’un siècle, un pays européen n’avait fermé ses banques pendant dix jours d’affilée. La crise secouant la petite île méditerranéenne s’avère plus complexe que ce qu’ont connu la Grèce, l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne.

Pourquoi taxer les dépôts bancaires ?

Sur les 17 milliards d’euros d’aide requise par Chypre (soit près de 100% de son PIB), l’Europe et le Fonds monétaire international (FMI) ont refusé d’apporter plus de 10 milliards, afin que la dette du pays reste soutenable. L’aide de la Russie, quémandée en vain par Nicosie, aurait aussi alourdi cet endettement. Où donc trouver l’argent qui manque ? Auprès des actionnaires et des clients des banques chypriotes, puisque ces dernières, après tout, sont à l’origine de la banqueroute de l’île. En effet, le coût de leur recapitalisation - chiffré à 10 milliards d’euros - excède de loin les moyens de l’Etat. Beaucoup trop exposées au risque grec, les banques chypriotes ont perdu plus de 4 milliards d’euros dans le sauvetage d’Athènes. Elles ont aussi profité d’un certain laxisme de la banque centrale nationale pour prêter à tout-va, alimentant une bulle immobilière locale.

Les partenaires de Nicosie ont deux raisons de ne pas montrer de mansuétude