Douze ans après sa première édition à Porto Alegre, au Brésil, le Forum social mondial (FSM) se pose en Tunisie, sur la première plaque tectonique des révolutions arabes. Pendant cinq jours (d’aujourd’hui à samedi), 50 000 militants de 130 pays sont attendus, autour de 2 700 ateliers. Un événement pour soutenir une transition démocratique, mais dans le cadre d’un Forum social mondial lui-même en crise existentielle et en quête d’un rebond. Et ce pour - au moins - cinq raisons.
Surfer sur la crise
En voie de disparition, les alters ? Plutôt en résilience. Il y a douze ans, une vie de pré-ado, la volonté de briser le moule de la «Tina» («There is no alternative») provoquait un haussement d'épaules des global leaders. Taxer les transactions internationales, lutter contre les paradis fiscaux, dénoncer l'évasion fiscale des multinationales ? Hérésie. S'attaquer à l'épuisement des ressources, à l'impasse des seules énergies fossiles, à l'impératif d'une vraie bataille pour le climat ? Cassandres. La nécessaire démocratisation des pouvoirs, le diktat des politiques d'austérité, l'aberration du prêt-à-penser néolibéral ? Gauchistes.
«Ces idées utopistes se posent aujourd'hui comme des évidences», estime Christophe Aguiton, d'Attac. La réalité, c'est que beaucoup de ces propositions ont été préemptées - à défaut d'avoir été pérennisées - par les pouvoirs élus, même conservateurs. Et que l'opposition s'avère désormais plus diffuse. L'OMC, le FMI, la Banque mondiale sont marginalisés. Le F